Tout d'abord, les gestes techniques les plus simples, à savoir les trois types de coups de poing et de coups de pied, se différenciant par leur portée croissante : light (léger), medium (moyen) et fort (high). D'un côté, on va du simple LP (Light Punch), une petite gifle adressée comme ça en passant à un adversaire ou un coup de coude lors d'un duel aérien, au MP (Medium Punch) souvent utilisé par Barthez et Casillas pour dégager aux poings dans les airs, en passant par le HP (High Punch), au cœur de l'après-match entre Bologne et Marseille en 1999. De l'autre, le LK (Light Kick) sert aussi bien à faire un croche-patte à un attaquant en pleine course qu'à Gallardo à titiller les chevilles lors d'une échauffourée. Quant au MK (Medium Kick), coup de pied à mi-hauteur, il a récemment trouvé sa plus belle expression avec les crampons de De Jong dans la poitrine de Xabi Alonso lors de la finale du Mondial 2010. Enfin, classique parmi les classiques, le fameux HK (High Kick), décliné sous forme sautée par Eric Cantona, ou sous forme glissée (communément appelée balayette) pour faire chuter l'adversaire par Mark Van Bommel ou Patrick Blondeau. Attention, ce dernier coup est dit unsafe, c'est-à-dire que s'il est esquivé ou paré par l'adversaire, il laisse son exécutant sans défense pendant un certain laps de temps. Comme un Franck Leboeuf se jetant sur El-Hadji Diouf, il est à double tranchant. On parle alors de punition d'une attaque mal placée qui laisse une grosse ouverture, comme une Angleterre qui essaie de revenir au score face à l'Allemagne et qui laisse Gareth Barry défendre seul face à Özil.
Signature du style des protagonistes : les coups spéciaux qui sont une variante des coups normaux. Au Hadoken de Ryu, répond la roulette de Zizou. Aux lightning kicks de Chun-Li sont associés les percées balle au pied de Lionel Messi. Les voltiges de Vega donnent autant la migraine que les discussions interminables entre Van Bommel et l'arbitre. Pour déstabiliser les défenseurs, les plus grands attaquants usent et abusent également du cross-up, qui consiste à contraindre son adversaire de changer sa garde de côté. Typiquement un contrepied, à la suite d'un passement de jambes, d'un double contact ou bien d'une frappe au but. A ne surtout pas confondre avec le cancel, consistant à annuler la fin d'un mouvement pour en entrer rapidement un autre ; la feinte de frappe en est le meilleur exemple. Associé au link, qui désigne un coup qui peut faire suite à un autre (à la différence que l'exécution doit être entière), il définit les fameux combos, enchainements de coups qui, une fois initiés et correctement timés, touche l'adversaire sans qu'il puisse s'en défendre. L'Argentine en a donné de très jolis exemples, comme le second but de Maradona face à l'Angleterre au Mundial 1986, ou bien la réalisation de Cambiasso face à la Serbie-et-Monténégro en 2006. On peut également sciemment réinitialiser son combo pour feinter l'adversaire, en faisant un reset, comme un Iniesta qui ne frappe pas au but alors qu'il est en bonne position.
Le tacticien bénéficie également d'armes non négligeables. Outre le fait de pousser son adversaire dans le corner pour y exercer un fort pressing, il y a le fameux mind gaming qui consiste à dépasser mentalement son adversaire aussi bien que par sa qualité technique propre. On l'emmène dans son style, on contrôle et prévoit ses actions, on le feinte, on l'appâte, etc. Les adeptes de la contre-attaque, et ceux qui aiment faire déjouer l'équipe adverse, connaissent très bien tout ça. Tout comme Jose Mourinho qui, en faisant jouer son Inter Milan très bas, n'utilise rien d'autre que la technique dite de la turtle, de la campe, autrement dit attendre l'adversaire en restant en garde basse. Entorse ultime au beau jeu : le grattage pour achever petitement son adversaire à l'aide de coups spéciaux alors qu'on a l'avantage au score, comme essayer de gagner du temps dans les arrêts de jeu, en faisant tourner le ballon ou en remplaçant un joueur par un autre. On appelle ça une victoire cheap. Et enfin, le zoning, qui représente typiquement l'occupation du terrain et la gestion des distances, basé à la fois sur les coups spéciaux, le pressing et le placement. En clair, on oblige l'adversaire à se situer où on veut qu'il le soit, comme peut le faire le Barça qui contraint son opposante à rester dans son propre camp.
Parmi les petits gestes bien utiles, on retrouve le dash, petit pas en avant ou en arrière, idéal pour se placer efficacement pour défendre, mettre un attaquant hors-jeu, ou encore éviter de l'être soi-même. Il y a également le poke empêchant l'adversaire d'approcher en le touchant via des petits coups rapides, comme peut le faire une équipe ultra-réaliste et gérant bien les moments forts, à l'image du Milan AC champion d'Europe 2007. Finalement, si un adversaire vous colle de trop près, une bonne choppe l'enverra à terre, mais ne faites pas comme Laurent Blanc, veillez à ce que l'arbitre ne vous voit pas.
Si l'on ajoute à tout cela le ranking tier, classement des combattants selon leurs aptitudes donnant la côte des uns et des autres si utile à Marcel Desailly, et Ken Bogard, commentateur survolté des principaux tournois et déjà surnommé le « Thierry Roland du stick », vous aurez définitivement compris que du football au versus fighting 2D, il n'y a qu'un dash.